dimanche 8 janvier 2012

Instructions Dzogchen du Yungdrung-Bön II

Shenlha Okar, la Déité de la Compassion


Huit instructions sur la pratique de l’état naturel


o A l’égal du petit enfant ou du miroir, pratiquez sans appréhension conceptuelle

Le très jeune enfant découvre l’expérience nouvelle sans se dire : " je veux ceci, ou cela", sans attente précise et sans crainte. Quant au miroir, toutes sortes de reflets peuvent s’y produire, mais lui est sans attente ni jugement et, quoi qu’il reflète, sa qualité propre ne change pas.

C’est ainsi que vous devez pratiquer, sans aucune discrimination envers les objets de votre expérience.

o Comme la vieille femme qui a trouvé un trésor, pratiquez avec une sagesse nouvelle.

Lorsque nous découvrons ce trésor en nous, c’est avec cette sagesse neuve que nous devons désormais pratiquer

o A l’exemple de l’hirondelle ou du lion, pratiquez sans la moindre hésitation ni le moindre jugement.

L’hirondelle, avant que de faire son nid, prend de longues journées à observer les environs, à vérifier l’absence de facteurs de perturbations. Mais une fois son nid bâti, elle y entre et y revient sans la moindre hésitation. De même, devrions-nous, une fois reconnu l’état naturel, y entrer désormais directement et sans crainte.

Le lion, qui est le roi des animaux, n’a aucun doute envers ses propres capacités ; à son exemple, nous devons agir sans douter de notre état naturel.

o A l’exemple du lion quel le renard n’effraye pas, ainsi devons-nous pratiquer sans crainte à l’égard de la vue.

Lorsque nous découvrons l’état naturel, nous pouvons manquer de confiance en l’expérience que nous en faisons, ou être effrayés par ce que l’on y trouve, ce qui constitue un grand obstacle à la pratique. Il est donc très important de ne pas se laisser impressionner.

Il est dit aussi, et c’est un point important, que lorsque des personnes ne sont pas qualifiées pour le Dzogchen, leur exposer la vue de l’Etat Naturel est une faute, car ils peuvent en être effrayés et développer des vues fausses à l’égard de cet enseignement.

o Comme il en est de la lampe placée dans un vase, pratiquez la clarté intrinsèque de la présence.

La lampe placée dans un vase ne peut recevoir la lumière extérieure, et cependant elle est claire de sa propre clarté. De même, la présence est en vous. Gardez votre esprit dans l’état naturel sans suivre vos pensées, les yeux grands ouverts et contemplant l’espace. Si vous combinez ces trois espaces, vous verrez clairement la lampe de la Présence intrinsèque.

o A l’exemple du roi sur son trône, pratiquez sans vous préoccuper des objets de désir.

Le roi a à sa disposition tout ce qu’il pourrait désirer, dès lors tout est parfait, et il n’a nul besoin de s’agiter et d’être distrait par des préoccupations relatives aux objets de désir.

o A l’exemple de celui qui visite un charnier alors qu’il se sait très malade,pratiquez sans rien rejeter de ce qui vous advient.

La personne très malade a conscience qu’il n’est plus temps de rejeter ou d’accepter ce qui lui advient, elle a une attitude d’abandon.

De même, quand nous pratiquons dans l’état naturel, devrions-nous être dans un abandon à l’expérience qui nous rende indifférents à ce qui nous advient d’indésirable.

o A l’exemple de la colombe qui sait que le faucon va fondre sur elle, pratiquez l’état naturel sans vous préoccuper de contrôler vos émotions.

Quand la colombe est attrapée par un faucon, elle sait qu’elle n’a aucun pouvoir de lui résister. De même, nos émotions négatives ne peuvent résister à cet état, elles n’ont pas d’espace propre, elles sont immédiatement saisies et libérées à même l’état naturel. C’est le sens de Trekchö.


Commentaire de Khenpo Tempa : Le fondement de l’enseignement Dzogchen est la pratique basée sur Trekchö. Cet enseignement du Namkha Truldzö est d’une grande précision et nous permet de comparer point par point l’enseignement et notre propre expérience. S’ils coïncident, alors nous devons nous en réjouir et pratiquer avec confiance.